Billets qui ont 'Merci patron' comme oeuvre.

Bleu

Peu de monde. Deux yolettes de quatre (ce qui est une anomalie: quatre rameurs plus un barreurs, cela fait cinq. Nous faisons deux yolettes de trois rameurs.)

Il fait encore un peu plus bleu que la semaine dernière.

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Je réussis à convaincre tout le monde de voir Merci patron, et donc j'y retourne — je ne vais pas rester seule à la maison —, même si je n'ai pas envie d'éprouver à nouveau le goût amer que laisse le film.

Goûter («On va prendre un pot?») au Café Beaubourg, en face du cinéma. La conversation roule. Le film laisse tout le monde pantois, sauf O., qui n'arrive pas à croire que ce ne soit pas une fiction. Nous googlons le nom de l'homme politique pour le convaincre. Mais je le comprends : l'enchaînement des circonstances est incroyable. Est-ce que l'équipe suivait plusieurs familles et a filmé le cas qui a "pris" (comme une sauce)?
— La seule chose qui me paraît obligatoirement reconstituée, c'est quand Ruffin répond au téléphone: il ne pouvait pas prévoir qu'il allait être appelé justement à ce moment-là. (Et je n'ajoute pas que ces deux moments le filment en train de jouer avec des enfants, symbole d'innocence et de joie. Ce film est très habilement mis en scène.)

En fond sonore, de la techno. Machinalement j'essaie de battre la mesure, je me rends compte que j'y arrive encore moins qu'avant, dans un sens je ne comprends même plus ce que ça veut dire, mon cerveau ne sait pas quel ordre envoyer à mes mains. J'en fais la remarque à voix haute, esquisse un geste maladroit des mains, I., qui me découvre ce handicap, a les yeux qui s'exorbitent d'incrédulité (je crois que le geste de mes mains ne laisse aucun doute sur l'amplitude de mon inaptitude alors que le boum boum de la techno s'élève sans ambiguité). Les autres rient.

La conversation roule sur la musique. Chacun essaie d'expliquer à I. combien je suis nulle (charmant). Elle a du mal à prendre la mesure du phénomène. Je raconte mes années de flûte à bec au collège:
— Je faisais partie du club musique au collège (entre midi et deux: en grande partie pour échapper au froid dans la cour). Je jouais de la flûte alto, une grosse flûte. Je m'entrainais beaucoup, j'était devenue excellente sur la sortie des notes graves, plus jamais un couac, mais c'était horrible, je devais souvent partir la première et j'attendais les autres, j'avais peur qu'on m'entende, je n'arrivais pas à compter les blanches et les rondes.
Je vois O. réaliser quelque chose, ses yeux s'arrondir:
— Mais la flûte alto, c'est elle qui donne le rythme??!
Et il se met à rire, rire, d'un fou rire inextinguible.

Un déjeuner

TG sur Origène, les trois niveaux de lecture. Je l'ai lu il y a un peu trop longtemps et je n'ai pas formalisé mon travail par écrit, ce qui fait que j'ai un peu de mal à suivre.
Et je ne suis pas à l'aise avec le schéma décrit par la chargée de TG, il me semble que l'arbre des lectures ne se déploie pas au bon niveau. Tant pis.

Comme la chargée de TG trouve le dossier "léger", elle nous libère une heure avant la fin et je passe une heure à la Procure. Je craque pour Les Pères grecs et les Les pères latins de Campenhausen et les tomes 1 et 2 de L'histoire des conciles œcuméniques respectivement d'Ortiz de Urbina et Camelot. (Toujours cette illusion que les livres vont résoudre les problèmes. A quoi bon si je ne les lis pas?) Je me donne bonne conscience en me disant que cela ne coûte rien puisque je paie avec les bons cadeau du CE pour Noël.

Déjeuner chez Zvezdo qui a malicieusement invité Thomas, un délégué syndical marseillais de ma boîte (et néanmoins ami!). Nous discutons boutique (j'espère que nous n'avons pas trop ennuyé nos hôtes) et potinons, Thomas est très drôle quand il parle de ses histoires de famille (corse), il nous raconte l'association entre lui et ses frères et sœurs avec les enfants du compagnon de sa mère («On se détestait mais on a fait alliance pour que nos parents se séparent. On a été infernaux». Brrr, en tant que parent, j'en ai froid dans le dos).

La position de Thomas sur le syndicalisme est proche de la mienne: plutôt que toujours se plaindre, agissons. C'est vrai, c'est tout à fait ce que je pense, mais ce qui me retient (de me syndiquer), c'est la perspective d'encore me disputer avec tout le monde et d'encore me faire détester. Je suis fatiguée de cela, je souhaite être tranquille. (Mais il a raison.)

Je vais ensuite voir Merci patron, sur les conseils de Françoise. J'en sors sonnée, avec une envie de rire et de hurler de colère.
Allez-y, mais surtout, ne lisez rien avant, allez-y sans aucune information, découvrez le film dans la salle (un bon film d'espionnage, un mauvais sitcom, une bonne ou une mauvaise farce. Je ne veux pas spoiler et pourtant, il y en aurait des commentaires à faire. Dégoût et rires.)


Plus tard dans la voiture en rentrant, la radio m'apprend que PUF a installé rue Monsieur le Prince une imprimante qui vous "cuit" votre livre en cinq minutes à condition qu'il fasse moins de huit cents pages. Le catalogue PUF et tous les livres libres de droit sont disponibles.
Qu'est-ce que ça va changer? Cela devrait tout changer. Par rapport à une librairie traditionnelle, cela suppose que l'on sache exactement le livre que l'on veut. Comment se faire connaître quand on sera nouvel écrivain?
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